LAFFAUX                                            
                                               « Créneaux de la mémoire ici nous accoudâmes
                                               Nos désirs de vingt ans au ciel en porte-à-faux
                                               Ce n’était pas l'amour mais le Chemin des Dames
                                           Voyageur, souviens-toi du Moulin de Laffaux »
                                                           Louis Aragon, Les Yeux d'Elsa, 1942

      Comme en témoigne le poète, qui ne connaît de nom le célèbre « moulin de Laffaux » qui fut le théâtre de combats et de luttes incessantes au cours de la première guerre mondiale?

 

 

 

 

 

     

 

  Cette appellation "moulin de Laffaux" est dû au fait, qu’avant la Révolution française se dressait là un moulin à vent dont l’existence est attestée par la carte de Cassini datant du XVIIIème siècle.

 

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     Alors qu’aujourd’hui, le village de Laffaux est entièrement reconstruit sur le plateau, avant la première guerre mondiale, il occupait en partie le bord du plateau et en partie la mi-côte à l’extrémité de la vallée de Margival.

      D’après Melleville, on comptait 226 habitants en 1880. Population stable puisqu’il y en avait 223 en 1906.

 

 

Carte du village de Laffaux  aujourd'hui.

 

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Carte du village de Laffaux  avant 1914.

 

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        Avant la première guerre mondiale, plusieurs de ses habitations étaient installées dans les anciennes carrières. L’entrée était fermée par un mur de pierre percé de portes, de fenêtres et un toit de tuiles ou de chaume qui permettait d'abriter les parties hors carrière. (photos ci-dessous)

         Ces demeures troglodytes ont entièrement disparu avec la guerre de1914 1918.

 

          L’église datait du XIIème. Elle s’élevait à mi-côte. Remaniée au fil des siècles, elle comprenait une nef deux bas-côtés, et un transept qui supportait le clocher.

 


 

          Voir ci-dessous des photos de Laffaux avant la première guerre mondiale. Cliquer pour agrandir.

 

 

A Laffaux: la première guerre mondiale

 

      En septembre 1914,  la victoire de la Marne met fin à la "guerre de mouvement". Les allemands se replient et le front se stabilise. D'un côté comme de l'autre, les troupes s'enterrent dans des tranchées. Elles y resteront jusqu'en 1918.

           En 1915 le front se fixe au niveau de l'Aisne.  Laffaux, comme toutes les communes situées au nord de cette ligne se trouve alors en zone d'occupation allemande.

 

Ci-dessous photos de Laffaux occupée. Cliquer pour agrandir.

 

 

Mars 1917:  le repli allemand:

 

       En 1917, les allemands réorganisent leur ligne de défense. Cette nouvelle ligne désignée en France "ligne HIndenbourg" portait en Allemagne les noms de "Wotan" pour la partie nord, "Siegfried" au centre et"Alberich" au sud (dont l'Aisne).

      Entre Arras et Vailly sur Aisne, les allemands raccourcissent le front de 70 kilomètres, ce qui leur permet de concentrer leurs forces.

Cette ligne de front passe sur le territoire de Laffaux et sur celui de la commune voisine: Vauxaillon.  

 

       Tandis que la presse française titre "l'ennemi bat en retraite", le programme allemand de repli, précédé par l'évacuation de force des habitants, s'accompagne par un plan de destructions: maisons incendiées, ponts détruits, routes coupées...voire empoisonnement des sources et des puits; ce  qui retarde considérablement l'avance et l'approvisionnement des poursuivants. 

 

Dans cet ouvrage allemand publié en 1933:

 

"Le régiment d'infanterie royal prussien Prince Louis Ferdinand de Prusse

pendant la guerre mondiale 1914 1918

 

D'après les journaux officiels de la guerre et les notes des participants à la guerre, rédigés par

le Dr Bernhard Werner.",

 

on voit des photos prisent au cours du repli stratégique sur la ligne Hindenbourg.

Elles montrent les dynamitages systématiques effectués par les allemands entre février et la mi-mars 1917.

 

 

Sur la vue de droite on assiste au dynamitage de l'église de Laffaux. 

            (nous remercions  le membre de l'association qui autorise la mise en ligne de ce document.)

 

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Dynamitage "Alberich" avant l'installation sur la ligne 'Siegfried"

Destruction du village de Laffaux en 1917


 

 

Avril 1917: l'offensive Nivelle:

 

   Le 16 avril, à 6 heures, malgré un temps détestable, sur un front de 40 kilomètres, les armées françaises lancent l'assaut: c'est l'offensive du Chemin des Dames. Face à Laffaux, le 1er corps d'armée colonial attaque en direction de l'Est.  

Après une succession de combats meurtriers, la "grande" offensive prend fin le 20 avril.

  

La carte ci-dessous établie à partir d'un croquis du général J Rouquerol de 1934 montre la position du front les 16 et 21 avril 1917.Cliquer pour l'agrandir.

 

  On constate qu'à partir du 21 avril 1917,  Laffaux est le saillant de la ligne Hindenburg qui forme là un angle dont "le moulin de Laffaux" constitue  le sommet.  Les allemands tenaient beaucoup à la possession de ce point d’appui.

     De ce fait s’y déroulèrent de longs et farouches combats qui bouleversèrent le sol au point de le rendre méconnaissable: Laffaux, comme la commune voisine Vauxaillon, fut rayé de la carte.

   

Parmi ces combats, citons particulièrement:

 - Le 16 avril 1917: le départ de l'offensive Nivelle avec l’attaque en direction de Laffaux commandée par les généraux Michelet et Mangin

           - le 6 mai 1917:  l’attaque par les cuirassiers du commandant Meillon qui enlevèrent à la baïonnette la ferme de La Motte

  - le 14 septembre 1918:  l’héroïsme des fusiliers-marins qui, avec la 29 ème division d’infanterie reprenaient le moulin de Laffaux et ses abords.

 

 

Voir ci-dessous  un plan établi en 1951 par FP Guyart à partir de données fournies par l'Etat Major des Armées. Il présente les tranchées et les boyaux qui de 1916 à 1918 s'étendaient à proximité de Laffaux et du moulin de Laffaux.   Cliquer pour agrandir.

 

 

A la fin de la guerre Laffaux est entièrement détruit.

Cliquer sur les photos pour les agrandir.

 

 

 La reconstruction

 

 

        A la fin de la guerre, pas une maison de Laffaux, n'a échappé à la destruction. Personne n'aurait pensé que les habitants reviendraient reconstruire leur village sur un tel désert.

         Pourtant, petit à petit , la vie a repris ses droits.

        Certes les habitations troglodytes ont été abandonnées, les maisons construites à mi-pente, l'église et la mairie-école  ont été déplacées en bordure du plateau mais, contrairement à d'autres communes situées au cœur des combats ( comme Ailles, Courtecon...) Laffaux s'est reconstruite.

 

Voir les photos ci-dessous, cliquer pour les agrandir.

 

 

Des monuments commémoratifs à proximité de Laffaux

 

          Point essentiel de la ligne de front après le repli stratégique de l'armée allemande en 1917, Laffaux et plus spécifiquement "le moulin de Lafffaux" fut l'enjeu de nombreux combats qui, nous l'avons vu, ont anéanti le village. 

        Il est alors compréhensible que, dès la fin des combats de nombreux stèles et monuments aient été implantés sur ce territoire. Ils sont le digne hommage des familles, des camarades, de la nation à tous ceux qui furent victimes des sanglantes tueries .

 

       Mais la proximité immédiate du site avec la route nationale2 a entrainé des modifications quant à l'implantation des monuments. Plusieurs, disséminés dans les alentours furent rassemblés,  constituant ainsi, "une aire du souvenir".

       Et c'est en 2007, quant fut créée la route à quatre voies, qu'il fut décidé que cet espace jusque là peu identifiable serait réaménagé et deviendrait "un jardin de mémoire" 

 

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      Cliquer ICI pour en savoir plus

et voir le dossier de presse

 

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Nous présentons ci-dessous trois des monuments implantés sur le territoire de Laffaux. 

 

 

 

Le monument des cuirassiers.

 

       Initialement situé à quelques centaines de mètres du moulin de Laffaux, sur la route de Pinon, face à la ferme de la Motte, son inauguration eut lieu le lundi 9 juin 1924.

     

       Il fut érigé en hommage aux cuirassiers de la division Brécart qui, le 5 mai 1917 reçut l'ordre de reprendre aux allemands le moulin de Laffaux. Partis des tranchées situées sur le plateau, des éléments du 4ème cuirassiers se portèrent jusqu'au château de la Motte malgré les ouvrages bétonnés construits par les allemands.

 

Déplacé, ce monument se trouve maintenant dans "le jardin de la mémoire"

 

Monument des cuirassiers à son emplacement originel
Monument des cuirassiers à son emplacement originel

 

 

Le monument des crapouillots

 

      D'une dimension imposante, visible de la route à quatre voies, ce monument est emblématique du site du moulin de Laffaux.

     Il a la forme des torpilles lancées par les mortiers de tranchée :"les crapouillots", nom que l'on donnait aussi aux soldats qui utilisaient cette arme.

  

       C'est pour leur rendre hommage qu'il fut inauguré le 24 septembre 1933. 

 

    Réalisé par  Marcel Loyau, lui-même ancien artilleur de tranchée, ce monument a été inauguré trois fois.

  -  En septembre 1933 après son érection.

  - A la suite des durs combats de juin 1940 car il fut touché par deux obus puis reconstruit.

  - Foudroyé en juin 2007 et fortement ruiné, il sera à nouveau reconstruit et déplacé vers "le jardin de mémoire" afin d'être visible de la RN2 récemment mise à deux fois deux voies. 

 

voir ci-dessous des photos de ce monument "au fil de l'histoire".

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La stèle en hommage aux fusiliers marins

 

       C'est le 25 septembre 1938, à proximité de la carrière Fruty que fut inaugurée la stèle élevée en l'honneur des fusiliers marins.

                     Cette stèle rappelle nos menhirs de Bretagne: un bloc de pierre taillé et projeté vers le ciel sur lequel sont gravées deux ancres entrelacées, une croix et en bas, le nom des lieux ou s'illustrèrent les fusiliers marins.  Le tout souligné par une palme de lauriers. 

     Elle commémore les combats du 14 septembre 1918 qui aboutirent à la reprise du moulin de Laffaux.

 

Cliquer ICI pour lire le bulletin officiel de la cérémonie (document ASPHPE)

 

   Quand fut créée la route à quatre voies Soissons-Laon ce monument fut déplacé à proximité de la nouvelle RN2 afin de le rendre plus accessible.